LES MASCARADES - Les mascarades en Soule
defilé "Le defilé"
© E. Heguiaphal

Les mascarades de Soule


La Soule est la plus petite des sept provinces du Pays Basque, peuplée de 13 500 habitants.

Encore de nos jours, chaque année, les jeunes d’un village de Soule préparent une mascarade qu’ils vont montrer de village en village en période de carnaval.
L'année suivante, ce sont les jeunes d'un autre village qui préparent la mascarade.

Le cortège des mascarades de Soule est composé de deux groupes communément appelés « les rouges » et «les noirs ».
On s’accorde généralement pour avancer que les premiers représenteraient la bonne société locale, ou du moins les autochtones.
Les seconds sont sauvages et bruyants, et défilent sans grand ordre , ils représenteraient les gens extérieurs au village.
C’est dans ce second groupe que l’on trouve les personnages représentants des Bohémiens ou Tsiganes.

barrikadak. "barrikadak"
© E. Heguiaphal



Bralea.jpg " Bralea "
© E. Heguiaphal



Jauna-et-anderea.jpg "Jauna et anderea"
© E. Heguiaphal



Beltsa.jpg "Kauterak"
© E. Heguiaphal

Le déroulement de la mascarade

La journée de la mascarade, quasiment toujours en dimanche, débute avec les barricades organisées par le village hôte.

Il s’agit d’un cérémonial d’accueil :
Des tables de victuailles sont installées tout au long du chemin qui est emprunté par le cortège des acteurs.
Les danseurs du village d’accueil, puis les visiteurs, exécutent des pas de danse, avant que le « Txerrero » visiteur ne franchisse symboliquement la barricade, suivi par les « Noirs ».



Parvenant sur la place du village aux alentours de midi, la troupe danse « Jauziak », –les danses en rond –, puis les acteurs vont déjeuner, souvent invités chez l’habitant.

L’après-midi, le « spectacle » composé de danses et de saynètes se déroule sur la place :



  • « Bralea » désigne la danse du branle donnée avec Jauna et Anderia en tête et le couple de paysans en dernière position.Les acteurs forment une chaîne ouverte en se tenant par la main et invitent les jeunes spectatrices à les rejoindre. Cette danse lente et très solennelle est suivie d’une sorte de promenade, « Karakoiltzea », menée par le porte-drapeau « Entseinari », et dessinant des figures complexes.
     
  • Les « Aitzindari » exécutent plusieurs danses dont « Godalet dantza » -la danse du verre-, ou « Gabota » -la gavotte-.
     
  • Le « Zamalzain » est ferré et châtré.
     
  • L’épée de « Jauna » est aiguisée et son chaudron réparé.
     
  • Les « Buhame » exécutent une danse d'épées, leur chef prononce son discours.

  • Les « Kautere » dansent à leur tour, avant d’essayer de réparer le chaudron. Leur chef, armé d’un grand fouet servant à remettre ceux de sa troupe au travail, fait son allocution.
    Enfin, Pitxu meurt mais pour ressusciter grâce à l’intervention du médecin.
    Durant tout le spectacle, les personnages ayant une tâche à accomplir feignent d’être insatisfaits de leurs collègues, et ils font alors appel à Pitxu pour les aider.
    Les interventions de ce dernier donnent lieu à des scènes comiques car Pitxu est souvent acrobate et clown.
    Qui plus est, il a la répartie facile.



La représentation se termine par les « Jauzi » dansés par les acteurs auxquels se mêlent les spectateurs.
Txerreroak.jpg ""Txerreroak."  © E. Heguiaphal

Gatüzain.jpg "Gatuzaina"
© E. Heguiaphal


zamaltzaina "Zamaltzaina"
© E. Heguiaphal


Entseinari.jpg ""Entseinari"
© E. Heguiaphal


Kükülleroak.jpg "küküileroak"
© E. Heguiaphal


pitxu eta kerestu bat.jpg "Pitxü et kerestüa"
© E. Heguiaphal


buhameak "Buhameak"
© E. Heguiaphal


kabana "Kabana"
© E. Heguiaphal


bedezia. "Bedezia"."
© E. Heguiaphal

Les personnages


L’existence de ces deux groupes, les « rouges » ou « beaux » et les « noirs » ou laids » a fait dire à certains chercheurs que c’est pour cette raison que l’on dit en basque « Maskaradak », « les mascarades » et non « la mascarade ».

Les « rouges »


Le groupe des « rouges » ou « beaux » est mené par un groupe de 5 danseurs appelés « Aitzindariak », « ceux qui sont devant ».
Ces danseurs sont vêtus d’une veste au plastron blanc orné de perles.
 
  • - le « Txerrero » ouvre la marche. Des sonnailles à la taille, costumé d’une veste rouge et d’un pantalon court noir, il danse en même temps qu’il agite un bâton se terminant en queue de cheval pour faire place à ses collègues.
     
  • le « Gatüzain » ou « Gatero » actionne une sorte de ciseaux de bois en « zigzag » pince articulée appelée « gatüa ». Il porte un pantalon court jaune et une veste bleue.
     
  • - le « Zamalzain », ou cheval-jupon est coiffé d’une haute couronne ornée de plumes et de verroteries. Il porte autour de sa taille un cadre revêtu d’une jupe de dentelle, cadre auquel est fixée une fine tête de cheval en bois que le danseur tient d’une main, l'autre tenant un petit fouet. Il porte une belle veste rouge et une culotte noire.
  • - La « Kantiniersa » porte une jupe rouge et une veste bleue similaires à l’uniforme des cantinières des armées napoléoniennes.
     
  • - L’ « Entseinari », enfin, tout vêtu de noir, ferme la marche ; il porte un drapeau qu’il fait tourner au-dessus de lui en dansant. Il mène la danse en chaîne – « Bralia » – de la mascarade. Ces danseurs exécutent des points de principe, répertoire virtuose emprunté à la technique des danses de caractères apprises par les Souletins du 19ème siècle dans l’armée française, puis réadaptées au répertoire local.


Derrière les danseurs, défilent :

  • - « Jauna eta Anderia », le Monsieur et la Dame. Jauna, vêtu de noir, arbore un chapeau haut-de-forme, une écharpe de maire et une épée. Avec sa robe blanche, Anderia rappelle une mariée.
     
  • « Laboraria eta Laborarisa », ou « Etxekoanderea », le paysan et la paysanne ou la maîtresse de maison. Habillés de noir comme les paysans d’autrefois, Laborari marche à l’aide de son « makila » (bâton de berger), tandis que Laborarisa tient à la main son panier. 
     
  • Un groupe de « Küküllero », dont le nom voudrait dire «ceux qui ont la crête », toujours en nombre pair, est très souvent représenté par des enfants aux costumes blancs et rouges.
     
  • « Marexalak », c’est-à-dire les maréchaux-ferrants, ferrent, lors d’une scène de la mascarade, le « Zamalzain » à l’aide de leurs tenailles et de leurs marteaux.
     
  • « Kherestuak », autrement dit les châtreurs, castrent le « Zamalzain ». Ils peuvent faire partie de la deuxième partie du cortège composée des « Noirs », des étrangers.
     
  • « Hartza », l’ours, un temps disparu des cortèges, peut faire aujourd’hui quelques apparitions.

 

Les « noirs ».

Le groupe des « noirs » ou « laids » se compose ainsi :

  • « Xorrotxak » – les rémouleurs – aiguisent l’épée de Jauna en chantant. Aujourd’hui, ils apparaissent sous les traits de sages artisans, reproduisant une saynète mettant en jeu les rapports d’un patron et de son ouvrier qui ne veut pas travailler. 
     
  • « Buhameak » et leur chef « Buhame Jaun » prononcent un discours racontant le périple de leur bande.
    Ce sont les « Bohémiens », habillés de costumes bariolés et coiffés d’un béret entouré de pompons.
    Pour leur danse, ils utilisent un sabre en bois. Ils crient et se jettent les uns sur les autres à la fin de chacune de leurs interventions.
     
  • « Kauterak » –les chaudronniers– ressemblent fort à une troupe de Tsiganes, plus particulièrement aux Rroms Kalderas.

En Soule pourtant, on prétend généralement que ces personnages représentent des gens venus d’un département voisin. Vêtus de longs manteaux noirs ornés de peaux de bêtes, coiffés d’un chapeau mou décoré de plumes ou de cornes, le visage noirci.
Ces « Kautere » jouent un rôle important dans la mascarade souletine, notamment dans deux scènes :

  • -le discours de leur chef, « Kautere gehiena » ou « Kabana » où, avec ironie,il dénonce les événements survenus durant l’année dans le village hôte,
  • -et la mort et la résurrection de « Pitxu », le pitre si populaire de la mascarade.
     
  • « Bedezia » – le médecin – opère Pitxu. Ceint d’un tablier blanc sur lequel figure une croix rouge, il feint de sortir du ventre de Pitxu de vrais boyaux ou des animaux morts, et le ressuscite.

Le cortège des acteurs est accompagné d’un couple de musiciens composé d’un« txülülari », joueur de flûte à trois trous et de tambourin à cordes, et d’un joueur de tambour.
Seuls les musiciens peuvent faire partie d’un autre village que les jeunes qui ont« monté » la mascarade.


  ______   
^ Haut ^