LES MASCARADES - Autres mascarades
Les mascarades présentées ici présentent de grandes similitudes avec celles de la Soule.
Le cortège est généralement constitué de deux catégories de personnages : les « beaux » et les « laids », parmi lesquels on rencontre fréquemment deux couples, un ours et son montreur, des Tsiganes, un médecin, un cheval-jupon, et des acteurs porteurs de cloches.
Généralement, durant la manifestation, sont mis en scène la mort et la résurrection de l’un des personnages ainsi que l’accouchement d’une Bohémienne.
Très souvent aussi, ces cortèges effectuent une tournée de quête dans le village ou dans la ville.
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Roumanie

  En Moldavie du Nord

Nicole Lougarot s’est rendue en Moldavie roumaine et a assisté aux mascarades de la région de Suceava, plus précisément dans le village de Fantanele. De nombreux acteurs sont semblables à ceux de la Soule : les chevaux-jupons, les mariés, le docteur, et les personnages tsiganes (soit chaudronniers, soit le montreur d’ours). Les ressemblances sont assez troublantes entre ces deux événements distants de plus de 2000 kms.



  En Moldavie centrale

Une fête de Noël se déroule à Darmanesti. Après un grand nettoyage, toutes les maisons de la ville sont décorées. Les femmes fabriquent les costumes, les forgerons tsiganes des grelots en laiton, les hommes des instruments de musique et des masques. Durant la période des douze jours, les jeunes déguisés de Darmanesti défilent dans les rues en plusieurs cortèges, ceux de l’ours et celui de la chèvre. Chaque famille désire recevoir celui de l’ours dans sa cour afin d’être « bénie » par l’animal. Ce cortège est accompagné d’un joueur de tambour portant le costume traditionnel de la région orné de mouchoirs à la taille et coiffé d’un képi couvert de fleurs et de perles. Suivent des « Hérodes », danseurs munis de sabres et portant une jupe sur des habits d’hommes ; le montreur d’ours qui fait la quête avec son tambourin ; des femmes tsiganes avec des brosses à peinture, le pope, la voyante, le médecin.
Dans le défilé, l’ordre des personnages est toujours le même : tambours et « Hérodes », puis ours, et enfin « les laids », masqués et déguisés.
Le cortège de la chèvre est similaire mais il est unique. A chacun de ses arrêts, ses acteurs offrent un spectacle dont les scènes sont dominées par les agissements des personnages gitans. Le jour de l’An, la chèvre danse et simule la mort et la résurrection.
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Grèce

  En Grèce


A Makrinitsa, dans la région du Mont-Pélion en Grèce, une fête est organisée par les jeunes célibataires et placée sous l’autorité d’un héros – le Mai –, personnage habillé de blanc et décoré de fleurs.
Il mène une troupe composée de guerriers turcs, du marié et de la mariée, de soldats grecs vêtus de fustanelles (jupes plissées blanches), de couples de gitans, d’un ours et de son montreur tsigane, et enfin de personnages en costumes traditionnels de la région.

La troupe arrive sur la place centrale et, alors que les acteurs commencent à danser, une Gitane, sur le point d’accoucher, se met à crier. Le médecin intervient et, simultanément, un Gitan essaie de s’emparer de la mariée. Furieux, le marié le tue… mais il est vite ressuscité grâce au Mai. Puis dans une autre scène, le Gitan dompteur rivalise avec le docteur et redonne vie lui aussi à son ours.

A la fin du spectacle, les acteurs font la quête, puis poursuivent leur tournée des villages afin de transmettre leur message de joie du renouveau.
Une version certainement folklorisée de la fête, mais ou on reconnaît certaines scènes et personnages :

 
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 Slovaquie

  En Slovaquie

Les acteurs déguisés sont les suivants :
les époux mal assortis, le couple âgé faisant encore des enfants, les créatures doubles (l’homme transportant sa femme ou inversement), le Gitan et le montreur d’ours.
Ils sont accompagnés d’autres acteurs arborant des masques d’animaux : ours, chèvre, taureau, cheval…

Devant chaque maison visitée est organisé un jeu mettant en scène une mort et une joyeuse résurrection. Un homme, dont les amples vêtements sont remplis de paille, apparaît alors pour annoncer le printemps.

Les matériaux des déguisements sont simples :
paille, fourrure, cuir, vieux vêtements, foulards aux couleurs vives, morceaux de miroir et cloches, masques–cagoules avec cornes et peaux de hérissons.
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Pologne

  En Pologne

Autre mascarade découverte dans la revue du Musée du Carnaval de Binche, qui se produit, sous forme de quête de Noël, dans plusieurs villages de la région de Zywiec. Dans la nuit de la Saint-Sylvestre et du Nouvel An, un groupe de masqués – les « Dziady » –, se rend chez les paysans pour leur présenter ses vœux de bonheur.
Parmi eux : des chevaux-jupons – les « Koniki » – jouent le rôle principal de la fête, s’écroulant au moment culminant de la danse, puis ressuscitant. Des « ours » sautent et se roulent par terre.
Les petits chevaux comme les ours sont guidés par des « Tsiganes » ou valets de chevaux, aux costumes rappelant des uniformes militaires. Apparaissent également des chiffonniers dont l’habit est fait de bandes de tissus multicolores assez courtes, et qui tiennent à la main un lapin empaillé ou une vessie de porc avec laquelle ils frappent les spectateurs ; ils se comportent comme des clowns.

Des « Juifs » font la quête, et parfois une « Juive », grossièrement déguisée, simule un accouchement. Un réparateur – le « dziechciorz » –, s’affaire auprès des chevaux pour les ferrer, tandis que les Ramoneurs aux habits et masques noirs ou le visage noirci, escaladent les toits des maisons et attrapent les jeunes filles pour les barbouiller de suie.

Dans le déroulement de la mascarade de la région de Zywiec, il y a toujours une actrice parodiant le comportement des Tsiganes ; elle est parfois accompagnée d’un groupe d’hommes jouant aux cartes, se disputant, et s’emparant de tout ce qui est à leur portée dans les maisons des paysans. Régulièrement apparaît aussi un jeune couple joué par deux hommes. La dame, très maquillée, est en costume blanc, l’homme en costume noir arbore un bouquet à la boutonnière.
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Espagne

  Dans la province de Castilla-y-Leon .

A Riofrio, petit village proche du Portugal, « los Carochos » désigne le nom de la mascarade composée de personnages divisés en trois groupes :
  • - « Los Diablos » ou « Carochos », avec le Grand Diable muni d’un « zigzag » et le Petit .
  • - « Los Ciegos, Gitanos ou Filandorros », avec un couple de Gitans (« la Filandorra » et « el Gitano »), « el Molacillo », guide vêtu de blanc, et « el Ciego », vêtu de sacs de jute.
  • - « Los Guapos » – les Beaux –, avec le Galant, la Dame et son bébé, « el Tamboril » joueur de tambour et « el Cerron ».



Ces personnages jouent des scènes auxquelles ils font participer les villageois. Dans l’une d’elles, « el ciego » meurt puis ressuscite. Le Gitan se lamente alors de la perte de son grand-père, tandis que « el Molacillo » le qualifie de frère.
Cependant, d'après Juan Francisco Blanco Gonzalez, aucun autre signe ne permet de dire que « el Ciego » et « el Molacillo » soient aussi des Gitans.
A souligner ici encore les dialogues improvisés entre acteurs.

  En Cantabrie

La région de Molledo est parvenue à réanimer son carnaval. Quasiment tombé en désuétude, celui-ci connaît, depuis les années 1980, un renouveau et un succès extraordinaires, notamment dans le petit village de Silio.

Le matin se déroule une cérémonie appelée « la raya ». On y découvre pour principaux personnages : un couple de mariés, les « Zamarracos » ou porteurs de cloches, à chapeaux coniques très ressemblants aux « Joaldun » basques d’Ituren, les « Traperos » ou chiffonniers vêtus de rubans de couleurs, un ours qui meurt durant l’une des scènes et son montreur gitan, les « Zingarros » ou Tsiganes.
Une femme, « La Preña », dont certaines personnes âgées du village disent qu’il s’agit d’une Gitane mais qui n’est plus présentée ainsi de nos jours, assistée par un docteur, accouche en poussant de grands cris.

  En Catalogne

Dénommés « Colles », les cortèges de la région du Valles exécutent ce que les Catalans appellent le « Ball de Gitanes ».
Ils sont ainsi décrits par Violet Alford dans les années 30 :
L’animation débute par la tournée de quête, de ferme en ferme. Les « Diablots » en profitent pour voler des choux, « selon la tradition ». Puis, à l’arrivée de la troupe sur la place du village, les mêmes « Diablots » creusent un trou avec leurs fourches affirmant de la sorte leur droit de danser à cet endroit.

Dans les rangs du « Colles » catalan, on trouve les mariés suivis d'une vingtaine de danseurs et de deux garçons appelés « volants », un bouffon improvisant des vers sur les édiles locaux, le vieux et la vieille avec une poupée dans les bras, le capitaine déguisé en Maure sur un cheval ou un âne. Le « Nuvi de detras » – le marié de derrière – ferme la marche avec son épouse.


Commentaire de Violet Alford sur le « Colles » d’antan : « A une époque, les hommes portaient une petite jupe blanche, un large chapeau de moissonneurs et un petit foulard autour du cou pour ressembler aux Gitans. En 1767, dit-on, ils portaient des rubans et des grelots autour des jambes et les plus beaux bijoux qu’ils pouvaient se procurer. Maintenant en nationalistes catalans bon teint, ils portent souvent le costume régional, mais s’accrochent au foulard censé faire Gitan ».

 
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Italie

  Dans la région de l'Avellino

A Piazza de Pandola, le cortège est mené par la « Zingara » – « Tsigane » – enceinte. A sa suite, les danseurs portent des arceaux couverts de fleurs similaires à ceux de la danse basque « Arku dantza ».
Durant le spectacle, une saynète de demande en mariage met en jeu plusieurs acteurs dont le père jaloux et la mère, leur fille et le prétendant, docteur de son état. L’ours ainsi qu’un groupe de tsiganes – « Gli zingari » – sont également représentés.
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Wallonie

  En Wallonie

A Malmédy, il existe une forte tradition de carnaval que l’on appelle le « Cwarmé ».
Ses personnages principaux – les « Haguètes »- sont armés de « zigzags ». Le « Trouv’lé » porte pour sa part une grande pelle alors que la « Grosse-police » agite une cloche.

Autres participants : les « Djoupsènes », signifiant « Bohémienne, Égyptienne ou Gitane » en wallon. Ils sont décrits dans le livre « Haguète et Hape-tchâr » de Léon Marquet. En 1859, un arrêté de police a interdit la présence de pareils personnages qui donnaient « souvent lieu à des scènes indécentes ».
Ils étaient joués par des jeunes hommes déguisés en femmes et poursuivaient les jeunes filles pour les embrasser, s’introduisaient dans les maisons pour enlever lard, jambons, saucisses….

Aujourd’hui, ces personnages ont tellement gagné en sagesse qu’ils ne se font plus guère remarquer.

 


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