ZOOM SUR... - Le cheval jupon
Le cheval-jupon représente un cavalier monté sur un faux cheval fait d’osier ou de bois et tissu. La date annuelle de son apparition est très variable selon les pays. Il peut sortir seul ou en groupe, dans les mascarades comme dans les processions de la Fête-Dieu. Dans de nombreux cortèges, il est accompagné par les mêmes personnages ou participe à des jeux semblables à ceux de la mascarade Souletine.

Nicole Lougarot pense que le cheval-jupon a une origine tsigane*. Les textes antiques ne mentionnent pas son existence, mais certains chercheurs l’apparentent quand même au Centaure pourtant différent, mi-homme mi-animal mythique au corps de cheval et aux buste et tête d’homme.

Arnold Van Gennep, ethnographe et folkloriste né en 1873, avance l’hypothèse que le cheval-jupon trouve son origine dans la parodie populaire d'un jeu de tournoi ou de joutes réservé aux nobles chevaliers. Il serait «une invention nettement européenne occidentale » ,qui s'est faite « vers la fin du Moyen-Age et aux débuts de la Renaissance, pas antérieurement ni ailleurs ».

D’autres chercheurs émettent l’idée que le personnage-animal représenterait le démon, l'esprit de la végétation ou de l'hiver qui cède sa place au printemps.

En Provence, on attribue son invention au roi René qui, au milieu du XVème siècle, institua la grande procession costumée de la Fête-Dieu.

A Montpellier, on peut encore entendre que le « Chibalet » trouve son origine dans une légende liée à Pierre d'Aragon. Mais cette hypothèse aurait été rejetée dès 1842.

En Catalogne, la danse d’épées des « Cavallets » évoquerait la lutte entre Turcs – ou Maures – et Chrétiens.

A Sant-Feliu-de-Pallerols, une légende raconte que les habitants auraient repoussé des ennemis prêts à envahir leur ville en simulant des troupes grossies grâce à des chevaux jupons.
Depuis lors, chaque année, l’événement est célébré pour commémorer la fameuse victoire.

Claude Achard, chercheur languedocien, lui attribue une origine catalane.
Le chercheur rejoint ici l'hypothèse de Jean-Claude Schmitt, historien français.
Le cheval-jupon serait apparu vers 1250 dans le diocèse d'Elne près de Perpignan.
Il se serait ensuite répandu à Valence (1269), à Barcelone (1424), à Naples (1443), à Romans (1479).


zamalzain poupée.jpg
Zamalzain de Soule

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zaldiko de lanz en Navarre

zaldiko maldiko .
zaldiko maldiko de Pampelune
 
Le « Zamalzain » de Soule est aujourd’hui considéré comme l’un des plus prestigieux personnages de la mascarade.
Son costume est magnifique, et le danseur qui le revêt est généralement très fin et puissant à la fois.
Durant les saynètes, le cheval jupon est ferré et chatré.



Le « Zaldiko » de Lanz en Navarre.
Il paraît le jour du Carnaval accompagné des « Txatxo » ( hommes déguisés en femmes et habillés de costumes très colorés ), du pantin géant « Miel Otxin », et de « Ziripot », énorme personnage vêtu de sacs de jute bourrés de paille, que « Zaldiko » essaie de faire tomber à chaque occasion.
Derrière eux, les « Perratzaile » (maréchaux-ferrants ) qui ferrent « Zaldiko ».



Le « Zaldiko-maldiko » de Pampelune.
L'existence de ce dernier est évoquée dans un manuscrit du XVème siècle, jouant de la flûte de pan.



 


chivau frus provence.
Chivau frus de provence



La bidoche Sarthe.
La bidoche de Sarthe




Cheval Mallet
Le Cheval Mallet Loire-Atlantique




sot de douai.
Le Sot de Douai
 

Le « cheval frusc » d’ Orpierre dans les Hautes-Alpes.
En 1913, il était devancé dans le cortège par un arlequin le menaçant de son épée en bois, et poursuivi par des cochers agitant leurs fouets.
Défilait aussi une foule de masques simulant des charlatans ou des vendeurs.
Un forgeron (maréchal-ferrant) était chargé de ferrer le « cheval frusc » lorsqu’il tombait et se blessait, mais qui ruait dès le fer posé.

La confrérie des « Chevaux-Fugs » jusqu’en 1819 à Montluçon, dans le Bourbonnais, commémorait, chaque année à Pentecôte, une défaite contre les Anglais.
On y dansait une sorte de pyrrhique (danse d’épées), comme dans certains endroits de Catalogne.

Des chevaux-jupons dans le Queyras, à la fin du XIXème siècle, accompagnaient des bandes masquées qui allaient de maison en maison.

Le « chivau frus » en Provence.
Au XVIIIème siècle, le danseur qui le portait arbore un chapeau gris avec plumeau et cocarde, des habits blancs garnis de rubans multicolores au cou et aux bras, et des épaulettes en or.

Le « Chibalet » – le chevalet – dans l’Hérault et dans l’Aude.
Paré de clochettes, il s’enfuit du donneur d’avoine ou le poursuit, accompagné d’un serviteur muni d’une queue de cheval faisant office de chasse-mouches (le « moscal »).
Deux autres personnages l’accompagnent : l’un, la brosse et l’étrille à la main ; le second représentant le maréchal-ferrant chargé de ferrer l’animal et tenant une tenaille et un marteau.
Les cinq acteurs-danseurs participent à « la danse du Chevalet » qui précède celle du « Branle de la chemise ».

Des chevaux-jupons dans le Vallespir, à Arles-sur-Tech, participent à la « chasse à l’ours » le jour de la Chandeleur.


Dans les Hautes-Pyrénées, dans le canton de Luz, le personnage-animal est également signalé par Violet Alford.

Un cheval jupon en Sarthe, à l’occasion du mardi gras, exécutait la « danse de la Bidoche », ou « danse du cheval-jupon ».
Il était précédé d’un « avoineur » et suivi d’un ramasseur de crottes.
La danse se terminait, après un coup de fusil, par la mort de la« Bidoche », personnage-animal que l’on trouvait également dans le bocage normand.

Le « Cheval Mallet » ou « Merlette » dans le Pays de Retz, en Loire-Atlantique.
Il faisait son apparition durant la Pentecôte, chaperonné par deux porteurs d’épées et par un troisième homme au bâton ferré.
Ce dernier, après la danse rituelle, entonnait la « Chanson des scandales », évoquant toutes les piquantes et vilaines histoires qui s’étaient déroulées dans la paroisse.

Le personnage du « Sot » emboîté dans un cheval d’osier à Lille.
Il y est mentionné dès 1269 dans une cavalcade mais monté sur un vrai cheval.
Paré d’un bonnet garni de grelots, le « Sot » des canonniers de Douai est, pour sa part, signalé au XVIIIème siècle.

Cavallets Catalogne Cavallets Catalogne

Cavallets à mallorque Les cavallets de Mallorque


Cavallets mallorca Autrefois à Mallorque


Cavallets Pollença. Les cavallets de Pollença
 


Les « Cavallets » à Malgrat de Mar, accompagnés de trois forgerons. Pour les ferrer, ceux-ci pourchassaient les « Cavallets » qui fuyaient… et en profitaient pour poursuivre les gens.
Si un animal était attrapé, il était jeté au sol ; la scène de ferrage donnait lieu à de nombreuses péripéties.

Dans le village de Sant-Feliu-de-Guixols, le « Cavallet » était flanqué d’un personnage au corps capitonné de coussins, à l’effet grossissant garanti.
Cet acteur brandissait une branche d’ajonc vers les jeunes filles.
Si l’une d’entre elles, disait-on, était griffée au visage, elle se marierait avant la fin de l’année.

Dans un document du Moyen-Age appelé « Cronicó de Mascaró », on apprend que le 27 mai 1397, à l’occasion de la première visite du roi Martin-l’Humain à la ville de Barcelone après son accès au trône de la Couronne d’Aragon, la corporation des Cotonniers fit défiler ses chevaux contrefaits.
Les folkloristes voient ici la première apparition des « cavallets » catalans.

A Mallorque, des « Cavallets » existent dans de nombreuses villes.

A Pollença, ils sont deux à apparaître le 20 janvier pour la Saint-Sébastien. Auprès d'eux : un porte- drapeau appelé « Estandart ».

A Felanitx, au mois d'août, ils sont parcourent le village accompagnés d’une « dame ».




 
 

caballe bielsa carlos gonzalez ximenez.  Caballe de Bielsa

Chinchin de Mons  Chichins de Mons

Sailor's horse.  Sailor’s Horse du Minehead

caiuti moldavie roumaine   Le Caiuti en Moldavie

Kacchi-Ghodi-Rajasthan  Kachhi Ghori au Rajasthan

Sur échasses sud de la Chine.jpg    Au sud de la Chine
 


A Bielsa (Aragon), un cheval-jupon apparaît à Carnaval.

En Belgique, sous forme de géants ou alors de taille normale, les chevaux-jupons sont nombreux. En flamand, on les appelle « Huppel-paardjes » – « Chevaux-godets » – et à Mons, « Chinchins ».

A Dendermonde, ce sont les « Knaptanden » à la mâchoire articulée et parfois armés d’une vessie de porc.
Apparus pour la première fois à Namur en 1571, les « chevaux-godins » appartiennent à la famille des géants processionnels et des monstres d’osier. Largement répandus en Wallonie, ils avaient souvent pour rôle de maintenir l’ordre dans les processions et les cortèges tout en divertissant le public par leurs caracoles et leurs brusques manœuvres.

En Grande Bretagne, dans la famille des « Hobby horses », on peut notamment mentionner le « Sailor’s Horse » du Minehead . Il est de sortie le 1er mai, il quête dans les rues, accompagné de musiciens.
Ou le « Obby Oss » de Padstown, lui aussi de promenade en mai pour célébrer le début de l’été.

Au Portugal, les « cavalinhos fuscos » ( signalés lors de la procession de Braga en 1579) ont aujourd’hui disparu.

En Bohême, un couple mène son cheval-jupon de maison en maison pour tenter de le vendre. Il vante ainsi ses qualités extraordinaires par des propos plein d’humour.

En Moldavie roumaine du Nord, le « caiuti » participe aux mascarades.

En Pologne, on appelle le cheval-jupon « Koniki » et à Vienne, en Autriche, sa présence est signalée à partir de 1571.

Au Brésil, on l’appelle le « Cavalinho ».

En Inde Il existe également au Kérala,et Au Rajasthan,on trouve le « Kachhi Ghori » exécutant une danse d'épées. Les mouvements des danseurs sont saccadés, la danse rappelle une bataille, elle est rythmée par des chants racontant les histoires de héros locaux.



Dans le sud de la Chine, Il existe aussi  perché sur des échasses.


 

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